ETAPE N°7
La rue des Forges porte ce nom car c’était tout simplement le chemin qui menait aux forges de l’Eminence et de Bailly.
Hugues Cyr Chambrun Mousseaux, né en 1724 à Nevers et qu’on voit apparaître à Donzy vers 1750, était un maître de forge avisé.
Il fut choisi comme directeur des établissements que le Duc de Nevers y possédait : la forge dite de l’Eminence – ainsi nommée parce qu’elle avait été créée par le Cardinal Mazarin, grand-oncle du duc, qui avait offert à son neveu Philippe Mancini le duché de Nevers en 1686 – celle de Bailly en aval sur le Nohain, ou encore celle de Prémery.
Sa famille avait fait ses preuves depuis au moins quatre générations dans cette industrie exigeante mais lucrative, en plein essor depuis le XVIème siècle. On trouve les ancêtres d’Hugues en Berry, à Lignières, Charenton-du-Cher et Ardentes, et en Nivernais, au Gué-d’Heuillon près de Guérigny, ou à Vingeux à Saint-Aubin-des-Forges, par exemple.
Il était donc logique qu’un Chambrun soit attiré par les eaux abondantes et régulières de Nohain, par les forêts autour de Donzy et par le minerai qui affleurait partout.
Source : Terres et seigneurs en Donziais
La Forge de l’Eminence doit son nom au Cardinal de Mazarin qui achète le Nivernais au Duc de Nevers et de Mantoue, Charles III de Gonzagues, en 1659.
À partir de cette date, les petites forges du Nivernais et du Donziais sous l’impulsion de Colbert, et de plusieurs personnages : Louis Le Vau, Daliès de la Tour puis plus tard Babaud de la Chaussade, connaissent un essor considérable.
La Forge « neuve », plus tard nommée Forge de l’Éminence, implantée sur le Nohain à la sortie de Donzy, débute sa production en 1663. Elle utilise les fontes produites par le haut fourneau de Champdoux, proche de Sainte Colombe des Bois.
En 1708, elle est affermée par Louis Courroux, issu d’une famille de maîtres de forges. Une dalle monumentale à l’intérieur de la chapelle Saint-Martin-du-Pré porte l’épitaphe de cette famille de marteleurs.
En 1770, la forge produit 200 tonnes de petits fers destinés aux marchands de Nevers et appartient au Duc de Nevers, Louis Mazarin Mancini. Le duc achète en 1780 la forge de Bailly, proche de l’Éminence.
Sa fille, la duchesse de Brissac, hérita des possessions donziaises du duc, conservées malgré la Révolution, mais les vendit à un financier : Caroillon des Tillières. La fille de ce dernier épousa le comte d’Osmond, frère de la fameuse comtesse de Boigne, et fut une personnalité en vue sous la Restauration.
La famille d’Osmond, alliée des Mazarin Mancini, fait l’acquisition des forges en 1837. Le comte d’Osmond apporte de nettes améliorations à la forge de l’Eminence. Elle comportera alors quatre feux de grosses forges, deux marteaux, un martinet et une soufflerie à pistons.
Au début de la deuxième moitié du XIXe siècle, l’extension considérable de la sidérurgie Lorraine amena la disparition des forges locales, celles du Nivernais et du Donziais en particulier.
Les forges de l’Éminence et de Bailly cesseront toutes activités à cette époque. De nos jours, de la forge de l’Éminence, seuls subsistent quelques bâtiments et le château, ancienne demeure des maîtres de forges.
Source : Terres et seigneurs en Donziais
La forge de Bailly, située sur le cours du Nohain, est déjà citée dans un Arrêt du Conseil du Roi le 2 décembre 1682. Elle produit des fers destinés aux marchands de Nevers. Elle est achetée en 1780 par Louis Mazarini Mancini, duc de Nevers qui possède d’autres établissements dans la région.
Elle produit alors environ 150 tonnes de fer. L’usine est composée de deux feux et d’une mazerie (pour faire un premier affinage de la fonte) , de différents logements pour les ouvriers, le charretier ou le régisseur, d’un fenil, d’une grange et de deux écuries. Après la révolution, la forge est transformée en tôlerie en 1816. En 1842, elle comporte une affinerie avec un four à réverbère, un marteau et trois laminoirs. Elle cesse toutes ses activités vers 1850.
A ce moment, les bâtiments sont loués comme ferme ou comme usine de cycles au début du 20ème siècle. Après une longue période d’abandon, ils sont repris, en 1986, par une conserverie.
Actuellement ils sont convertis en maison. Présence de turbines hydrauliques.
Source : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA58000629
Source : Mérimée
La rue des Boucheries se nomme ainsi depuis si longtemps…Georges Narcy vous raconte pourquoi cette rue fut choisie pour accueillir les bouchers de la ville.
Dans les archives départementales de la Nièvre, on trouve le texte ci-dessous qui atteste de la présence de trois bouchers dans cette rue :
DONZY, 1722
Licence de boucherie accordée à (aux ?) trois bouchers de la ville moyennant le versement de 180 livres par an, somme qui, même partagée en trois, reste importante.
On croit comprendre que les trois hommes sont les seuls bouchers « agréés » de Donzy – qui compte, à l’époque de 1500 à 2000 habitants – et ont le monopole de la vente de la viande dans la ville et sa « banlieue ». Au recto de l’acte, on trouve d’ailleurs cette mention : « Abonnement fait aux bouchers de Donzy ».
Même si cela n’est pas explicitement écrit, les bouchers sont l’objet de contrôles, susceptibles d’entraîner amendes ou confiscation de la marchandise.
Enfin est évoqué le cas où un particulier, cabaretier de son état par exemple, viendrait également à faire commerce de viande… Cette viande serait alors également taxée mais par l’intermédiaire des bouchers.
Cote : 3 E 8/280 – Minutier de notaire Pierre Camelin (Donzy)
Quelques noms de bouchers de l’époque :
- François MAIGNAN (1692)
- Jean MAIGAN (1698)
- Jacques DUCHAMPS (1722)
- Léonard PIRON (1722)
- Edme MAIGNAN (1732)
Imprimerie Champenois, colorisée 1908.
Le collège Henri Clément a été imaginé par l’architecte Jean-François Panthéon et construit en 1991. Son architecture, composée d’un atrium, en fait le collège le plus original du Département de la Nièvre.
L’Observatoire du CAUE de la Nièvre (Centre d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) y a consacré un article.
Pour la petite histoire, sachez qu’Henri Clément était un ami proche du Président François Mitterrand qui n’hésitait pas à venir le voir en hélicoptère à Donzy.