ETAPE N°5
Vous êtes sur le site merveilleux du Commandeur où l’activité des 5 moulins d’hier ont laissé place à la végétation luxuriante d’aujourd’hui du jardinier-passeur d’histoires de ce lieu, Jean-Louis Chantreau, que nous remercions chaleureusement pour le partage de ses archives personnelles.
Découvrez les histoires et anecdotes du  site du Moulin du Commandeur et du Foulon du Point du Jour, de la Bertine le fleurissement remarquable, l’usine Soyez, la carrière de la Grosse Borne…
LE SITE DU COMMANDEUR
LE MOULIN DU COMMANDEUR

A la fin du XVIIIème siècle, la famille Monmignot fait construire sur la rive droite du Nohain face au moulin à blé existant, un foulon à écorces. Ce moulin est de petite taille, le bâtiment mesure environ 6 mètres par 5. Il comprend aussi un hangar attenant de faibles dimensions destiné à abriter les écorces de chênes. Ce moulin peu productif et éloigné des tanneries disparaîtra quelques dizaines d’années plus tard. Dans un souci de concurrence, la famille Blondet ajoutera au Foulon du Point du Jour, 100 mètres en amont du moulin du Commandeur, son moulin à écorces en 1793.

Comme ce moulin, les moulins à tan campagnardes sont des bâtiments simples. Il s’agissait le plus souvent de petits édifices soit isolés, soit annexés à un ensemble de bâtiments plus importants. Le moulin à tan offre une architecture rudimentaire. La roue à pales ou à augets entraîne de lourds pilons, des meules horizontales ou verticales.

Le moulin à tan doit son existence aux matières végétales tannantes, qu’il doit réduire en poudre. Les écorces de chênes et de châtaigniers sont utilisées. Le produit rendu, le tan se présente sous forme de poudre ou de copeaux, c’est un agent chimique naturel prêt à l’emploi pour le tanneur. En France, l’écorce des chênes fut la principale matière tannante végétale pour rendre les peaux imputrescibles. Le tannage végétal apparut au néolithique 8000 à 10000 avant notre ère.

Assis depuis des temps immémoriaux, sur la rivière « Le Nohain », le moulin du Commandeur est l’un des très nombreux moulins qui jalonnaient autrefois ce cours d’eau. Sur une distance de 45 kilomètres, 59 moulins de différentes productions se sont établis sur cette petite rivière au cours des siècles.

Sous le Premier Empire, Donzy possédait 14 moulins. Le Commandeur était l’un des sept moulins à farine de la commune. Nul ne sait à quelle époque fut bâti le moulin du Commandeur, à proximité de la vieille ville mais à l’extérieur de l’enceinte. L’origine de son nom était sujette à controverse, quelques auteurs pensaient qu’il y avait un lien avec sa situation à l’entrée de la ville. En réalité, il tire son nom des titres que portaient les seigneurs religieux, puis laïcs, propriétaires du lieu. Mentionné en 1676 dans un procès qui opposa les habitants de Donzy au commandeur de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, propriétaire du moulin, le Commandeur était à cette époque un bâtiment modeste.

En 1765, il est la propriété de Jacques François Maxime Chastenet de Puységur, Lieutenant Général des Armées du Roy Commandeur de l’Ordre de Saint Louis et seigneur du château de la Brosse (près de Donzy).

Jean Monmignot, issu d’une grande famille de meuniers, signe un bail à rente fermière sur le moulin du Commandeur en 1750. Après deux baux à rentes successifs de neuf ans, sa veuve, Marie-Jeanne Poingt en fait l’acquisition en 1778, pour la somme de quatorze mille quatre cents livres.

Le moulin est doté de deux roues à pales de dessous de part et d’autre du bâtiment pour la fabrication de la farine. A cette période, il sert de demeure aux meuniers. Plus tard, en 1798, un bâtiment en vis-à-vis sera construit et doté d’une roue à pales destinée à entraîner un battoir à écorce pour l’extraction du tanin.

Après la révolution, en 1811 l’activité prospère de la famille Monmignot leur permettra d’élever une maison de maîtres et des bâtiments agricoles, face au moulin. Après la révolution industrielle de la deuxième moitié du XIXème et l’apparition des grandes minoteries, le moulin cesse toute activifté vers 1870. Depuis plus de sept générations, il est la propriété de la famille Bertrand-Monmignot.

Plan cadastral

Photo de Sonia Millant.

 

LE MOULIN DU FOULON DU POINT DU JOUR

Sur le site du Point du Jour existaient 2 bâtiments en vis-à-vis. L’un placé sur une île et disposant de 2 roues servant de Foulon à draps, l’autre placé en face muni d’une roue servant de battoir à écorces.

Il est possible que la famille Blondet ait exploité les deux bâtiments, même si un temps le battoir à écorces a appartenu à plusieurs propriétaires.

Le Foulon du Point du Jour est un moulin très ancien : de vieux titres dont l’un remonte à 1628 témoigne de son passé. Le Point du Jour comprenait deux édifices munis chacun d’une roue de dessous (roues à pales sous lesquelles s’engouffrait l’eau). La « roue de dessous » permettait d’actionner deux mécanismes distincts. L’un d’entre eux servait à extraire les écorces de chêne et de hêtre pour la fabrication du tanin qui était utilisé à rendre les peaux imputrescibles dans les tanneries. Comme son nom l’indique : « foulon » la destination première de ce moulin était le foulage des tissus (feutre, drap…) et la fabrication d’une étoffe grossière appelée – Poulangis ou Boege. Cette sorte de tiretaine fabriquée dans la Nièvre et en Normandie servait à la confection de vêtements des paysans les plus pauvres. L’arrêt de la fabrication du drap dans la région marquera la fin de l’activité textile du Foulon du Point du Jour vers 1870. Son propriétaire l’emploiera alors au battage des grains et à la pulvérisation d’os destinés à fabriquer des engrais. Pendant plusieurs siècles, le Foulon restera la propriété d’une même  famille : la famille Blondet. En 1674, André Blondet est foulonnier du Point du Jour. Ses descendants lui succèdent jusqu’à la fin du siècle dernier. Le 13 octobre 1886, le Foulon cesse toute activité avec la mort d’Edmée Pierre Blondet – dernier foulonnier du Point du Jour.

Description de Jean-Louis Chantreau

 

Photo de Sonia Millant.

 

Foulonniers du Foulon à draps

  • 21 avril 1686 : André Blondet / Paule Marmier est dit « Foulonnier du Point du Jour »
  • 16 février 1722 : François Blondet / Angélique Jondé
  • 1811 : Edme Loup Blondet
  • 1886 : Pierre Blondet dernier Foulonnier du Point du Jour
  • 9 janvier 1901 : Edmet Pierre Blondet, docteur en médecine, fils du précédent et dernier propriétaire du Foulon du Point du Jour fait don par testament de sa propriété à la faculté de médecine de Paris. L’année suivante, Les Monmignot de la Bertine, moulin en amont du Point du Jour, font l’acquisition du Foulon du Point du Jour dont les descendants revendront Le Foulon et ses dépendances aux Bertrand / Monmignot du Moulin du Commandeur, situé en aval en 1941.

 

Plan cadastral

 

LE FLEURISSEMENT DU SITE DU COMMANDEUR

Écoutez pour quelle raison le site du Commandeur est fleuri si remarqueblement par Jean-Louis Chantreau.

Photos de Sonia Millant.

À chaque saison, les sites du Moulin du Commandeur et du Foulon du Jour se parent d’une toile de fleurs et de plantes de saison. Si vous croisez Jean-Louis, vous saurez tout des petites histoires et anecdotes de ce lieu magique où la rivière « Le Nohain » coule paisiblement…

Regardez les animaux au Commandeur !
LE MOULIN DE LA BERTINE

La date de création de ce moulin, situé sur le Nohain, est inconnue mais il est identifié dans les archives sous le nom du « Moulin de Marteau neuf » au XVIIème siècle, puis moulin de la Brettine. En 1670, un nommé Loup Roy est meunier de la Brettine. Comme son ancien nom l’indique, ce moulin a été converti à une époque en forge. Il appartient dans la première moitié du XVIIème siècle à la famille de l’Espinasse, propriétaires à cette époque des forges de Bailly à Donzy, des forges des Pivotins et du château de Vieux Moulin près de Vielmanay.

Le 13 février 1759, le moulin est vendu par Dame Marie Pluvinet, veuve de Pierre de l’Espinasse, conseiller du Roy et procureur à la Charité sur Loire. La vente est faite sous forme de vente annuelle pour 3000 livres à René Monmignot.

En 1788, le moulin appartient définitivement à la famille Monmignot. Il consiste en un bâtiment à deux roues hydrauliques et une paire de meules faisant farine. L’activité meunière des Monmignot sera très prospère après l’achat du moulin. Ils feront l’acquisition à la fin du XVIIIème siècle du moulin de Maupertuis, de la Trèfilerie, du château de Crezan, du château et du moulin de la Motte Josserand à Donzy et Perroy.

Le moulin de la Bertine restera en activité jusqu’à la fin du XIXème siècle mais cessera toute activité à l’époque du déclin des petits moulins. Utilisés comme bâtiments agricoles, le moulin et ses dépendances furent définitivement abandonnés après la 1ère guerre mondiale.

En 1958, les établissements Soyez s’installent sur le site.

Source : Document issu de l’Office de Tourisme du Donziais / texte : Jean-Louis Chantreau

LES HAUTS FOURNEAUX ET FORGES ET LES AUTRES MOULINS
Le Livret « Dessine-moi le Nohain », réalisé par le Moulin de Maupertuis, nous éclaire sur l’histoire de la métallurgie locale avec les hauts fourneaux et les forges ainsi que les moulins à huile, à écorces ou bien encore les foulons.
L’USINE SOYEZ SUR LE SITE DE LA BERTINE

La Société SOYEZ a été créée en 1832 à St-Maur des Fossés. Son activité d’alors était exclusivement le travail de la plume de récupération (canard et oie) pour la mode, la literie, la brosserie, le sport avec les volants de badminton mais aussi la restauration avec le cure-dents plume d’oie.

Les plumes étaient tout d’abord triées à la main dans différents ateliers dont un à Donzy (reprise de l’activité des Ets Leteur) mais également en Sologne (à Clemont, à Chaob ainsi qu’à Isdes). Elles étaient acheminées ensuite à St-Maur des Fossés pour y être lavées, séchées et triées (duvet, plumettes et plumes).

A titre d’exemple, les plumes, dans leur partie haute, étaient taillées et utilisées pour la fabrication de volants de badminton. L’autre partie était taillée à l’aide d’une technologie mise au point par M. Soyez pour fabriquer des cure-dents, article phare qui a largement concouru à la notoriété de l’entreprise.

A noter également que la Société Soyez teignait des plumes d’autruche importées d’Australie, destinées aux costumes des danseuses du Lido !

Avec le temps, la paille pour boisson puis les paillons à fromage sont venus enrichir la gamme de produits. C’est dans les années 1920 que viendront s’ajouter « les chalumeaux » appelés couramment par les consommateurs : pailles.

Un peu plus d’un siècle plus tard, la Société Soyez doit se délocaliser à la demande de la Municipalité de St-Maur des Fossés et décide de continuer son activité à Donzy où elle arrive en 1958. Elle s’y implante assez rapidement, sur le site d’un ancien moulin au bord du Nohain, dans un décor bucolique et préservé que beaucoup de visiteurs admirent et envient. C’est sur le site de l’ancien Moulin de la Bertine. Les bâtiments (notamment la salle de réunion, la cantine magnifiquement restaurée) et le bâtiment des bureaux en témoignent encore à ce jour. Les bâtiments industriels sont peu visibles côté Nohain pour le promeneur, laissant une large place à la nature.

L’activité plume a cessé dans les années 1990 laissant place à l’unique activité plastique.

Aujourd’hui, suite à l’interdiction du plastique à usage unique en Europe, l’entreprise s’est reconvertie dans la fabrication de pailles papier, un énorme défi tant financier que matériel et bien sûr humain, qui maintenant porte ses fruits.

La direction actuelle reste assurée par un descendant du fondateur (5ème génération) perpétuant une magnifique épopée familiale.

 

LA RUE « LE POINT DU JOUR »

Ecoutez le poème de Victor Hugo (1802 – 1885) « Au point du Jour », lu par Lionel Prével, bénévole de la Médiathèque de Coeur de Loire à Donzy.

 

Au point du jour

Au point du jour, souvent en sursaut, je me lève,
Éveillé par l’aurore, ou par la fin d’un rêve,
Ou par un doux oiseau qui chante, ou par le vent.
Et vite je me mets au travail, même avant
Les pauvres ouvriers qui près de moi demeurent.
La nuit s’en va. Parmi les étoiles qui meurent
Souvent ma rêverie errante fait un choix.
Je travaille debout, regardant à la fois
Éclore en moi l’idée et là-haut l’aube naître.
Je pose l’écritoire au bord de la fenêtre
Que voile et qu’assombrit, comme un antre de loups,
Une ample vigne vierge accrochée à cent clous,
Et j’écris au milieu des branches entr’ouvertes,
Essuyant par instants ma plume aux feuilles vertes.

 

LA CARRIÈRE DE LA GROSSE BORNE

Photo de Sonia Millant.

 

Fondée en 1850 par Lucien Algret, la carrière de la Grosse Borne est gérée aujourd’hui par Evelyne Monnot, fille de Paul qui représente la cinquième génération de la famille Algret (après Alexandre-Auguste, Alexandre-Isidore et Paul).

Le site d’extraction de 7 hectares est implanté aux Noirats (dénommé la Grosse Borne) et on estime que cette carrière est âgée de 90 millions d’années (époque jurassique, ère secondaire). La matière est extraite en blocs de 2 à 10 tonnes sur 4 bancs (couches géologiques de différentes couleurs : claire, foncée, marbrée). L’extraction peut être réalisée jusqu’à 12 mètres de profondeur à l’aide d’une pelleteuse.

Les blocs de pierre sont ensuite acheminés jusqu’au site de Blanc Gâteau. Le nom de Blanc Gâteau trouve son origine en 1850 lorsque le moulin de 17 roues à aube en bois moulait un blé de première catégorie pour donner la farine la plus blanche de la région. Cette farine était principalement utilisée en pâtisserie inspirant vraisemblablement le nom de Blanc Gâteau. En 1920, le moulin cessa son activité et Alexandre-Auguste en fit des ateliers de travail de la pierre. A cette époque, les blocs de pierre étaient coupés au fil d’acier alimenté par le moulin.

L’exploitation s’est ensuite développée lorsque Paul Algret succéda à son père dans les années soixante. L’usinage est aujourd’hui réalisé à l’aide de câble ou disque diamanté et les blocs sont transformés essentiellement en dallage intérieur et extérieur. La carrière de la Grosse Borne produit également des pierres destinées à la construction, à la voirie, au mobilier urbain…

La carrière de la Grosse Borne a été nominée lors de la cérémonie de la « nuit des leaders » en 2008 dans la section « exportations-trophée des As des entreprises de commerce international », honorant ainsi la qualité de sa gestion et de sa production.

Découvrez la carrière en images (vidéo et photos)

 

Localisation

Partager cette page sur :